« Le mémoire de Master »
« Le mémoire de Master », 5 questions à Barthélémy Courmont, Docteur en Géopolitique, Responsable du parcours Sécurité et défense du Master Histoire – Relations internationales
1. Quels sont les sujets que les étudiants du Master Histoire-Relations internationales ont choisi de traiter pour leurs mémoires de Master ?
Barthélémy Courmont : “Les étudiants de ce master s’intéressent, pour beaucoup d’entre eux, aux questions asiatiques, et la présence de nombreux spécialistes de cette région dans l’équipe de recherche y contribue. Bien entendu, les autres ensembles régionaux sont également traités dans de nombreux mémoires. Ce sont surtout les approches thématiques que les étudiants privilégient désormais, approches de la sécurité et ses multiples dimensions, enjeux géopolitiques transnationaux, problèmes identitaires, défis environnementaux… les étudiants s’évertuent par ailleurs à associer dans leurs choix de sujets des questions d’actualité et une grille de lecture que les approches théoriques leur offre. Il ne s’agit pas de commenter l’actualité, mais de la comprendre et l’inscrire dans le temps long braudélien”.
2. Avez-vous été surpris par l’un ou l’autre de ces sujets et pourquoi ?
Barthélémy Courmont : “La surprise, voire l’émerveillement, est indispensable dans ce métier, dont les enjeux évoluent sans cesse. Les sujets présentés par les étudiants cette année n’ont rien à voir avec ce qui était traité il y a cinq ans, et même d’une année à l’autre, surtout en temps de pandémie, les intérêts évoluent considérablement. C’est la faculté d’adaptation aux nouveaux enjeux qui me surprend, et me séduit, tout autant que la capacité à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion. Nous invitons les étudiants à dépasser les sujets très largement traités pour trouver des approches qui apportent au débat stratégique. Bien sûr, ce sont surtout les étudiants de Master 2 qui sont évalués sur ces bases, le mémoire de Master 1 étant l’occasion de découvrir le monde de la recherche, de se « faire la main » en quelque sorte”.
3. Quelles sont les compétences que les étudiants développent dans ce travail ?
Barthélémy Courmont : “La capacité de recherche d’abord, bien entendu. Un mémoire nécessite une véritable plongée dans un sujet, et nous attendons des étudiants qu’ils développent, au terme de ce travail qui s’étale sur plusieurs mois, des compétences faisant d’eux des experts en herbe du sujet, capables de débattre et de synthétiser leur pensée. Cela peut paraître simple, mais ça ne l’est pas. Et à l’inverse la perspective de devenir « crédibles » sur leur sujet effraie les étudiants au moment du choix de leur sujet. Et pourtant, c’est bien cette crédibilité qu’ils atteignent quand le travail est bien conduit. Capacité de synthèse également. Il est intéressant de noter que les étudiants s’inquiètent toujours, en début d’année, du nombre de pages exigé dans le mémoire, qu’ils estiment inatteignable. Et systématiquement, ils réalisent rapidement que la plus grande difficulté est précisément de ne pas dépasser le format imposé. La synthèse doit ainsi encadrer leur envie d’en faire plus, d’aller plus loin, et c’est en ce sens un exercice aussi difficile qu’important. Enfin, nous accordons une très grande importance à la pertinence des sujets, que les étudiants choisissent librement. Les directeurs de mémoire sont là pour encadrer la formulation de la problématique et la mise en place du plan, mais ce sont les étudiants qui sont aux commandes. Et un bon mémoire, c’est avant tout un travail qui traite d’un sujet pertinent”.
4. Ces mémoires peuvent ils leur ouvrir des portes pour la recherche du premier emploi à l’issue du Master ? Des exemples ?
Barthélémy Courmont : “Il y a deux pistes, ou utilisations du mémoire, qui s’offrent aux étudiants. La première est ce que je qualifie de « carte de visite » qui vient s’ajouter au diplôme inscrit sur leur CV. Quand un mémoire est bon, quand le sujet est bien traité et quand il a reçu une excellente évaluation, il peut être exploité afin de mettre en avant les capacités de recherche et de synthèse de l’étudiant quand il se présente devant des employeurs. En l’associant au stage, le mémoire peut même en certains cas servir de véritable tremplin pour basculer dans la vie active, en échangeant sur son contenu avec des experts et des recruteurs. En ce sens, c’est le travail le plus essentiel du Master. La découverte du monde de la recherche suscite également chez certains étudiants l’envie de poursuivre ce travail, dans le cadre d’un doctorat. Plusieurs étudiants du Master nous sollicitent ainsi chaque année pour poursuivre leurs études supérieures, et nous les encadrons et conseillons afin de leur montrer ce qu’implique ce choix. C’est évidemment, en tant que responsable pédagogique, une très grande satisfaction de savoir que plusieurs étudiants de ce Master poursuivent leurs études avec un doctorat et entrent ainsi dans la communauté de recherche”.
5. Avez-vous un conseil à donner pour un mémoire de Master qui sort du lot ?
Barthélémy Courmont : “Il faut être fier de son travail, surtout quand il est bon. J’invite les étudiants à ne pas refermer la page de leur mémoire une fois que celui-ci est terminé et soutenu. La finalité d’un mémoire n’est pas la note qui l’accompagne, et l’obtention du diplôme qui vient avec, mais l’utilisation qu’on peut en faire. Cette utilisation peut s’inscrire, comme je l’ai indiqué, dans une démarche de recherche d’emploi ou d’école doctorale. Elle peut aussi se manifester par la communication des résultats de cette recherche. Articles, entretiens, synthèses… les étudiants qui ont fait un bon travail doivent essayer de partager ce travail. Je les invite à le faire”.