Exposition Contes et légendes en Nord Pas de Calais - Rencontre avec Sarah Dumortier
Rencontre avec Sarah Dumortier, Maitre de conférences en Licence Histoire qui a invité les étudiants à construire cette exposition dans le cadre du cours Contes et légendes du Nord Pas de Calais.
Quelle était l’idée de départ de ce cours Contes et légendes en Licence Histoire qui a donné lieu à l’exposition Contes et légendes en Nord Pas de Calais ?
Sarah Dumortier : J’ai proposé au responsable pédagogique de la licence Histoire un enseignement s’inscrivant dans un parcours « patrimoines immatériels » des licences 2 et concernant les contes et légendes du Nord Pas de Calais.
J’ai en effet fait le constat qu’un conte, une légende est, bien évidemment, un patrimoine culturel immatériel. Mais qui dit patrimoine dit diffusion puisque je cite Françoise Lempereur, spécialiste du sujet, « c’est la perception de sa transmission, plus que la réalité historique, qui confère au contenu son caractère patrimonial et en justifie l’intérêt ». En résumé, pour travailler avec les L2 sur la question patrimoniale, il était impossible de conserver le schéma classique d’un TD ou d’un CM. Impossible de garder l’idée d’un cours s’articulant entre le sachant, moi, qui aurait diffusé un savoir et les apprenants, eux, qui auraient absorbé du cours sans réellement s’interroger sur l’aspect patrimonial. Il fallait que les étudiants s’approprient collectivement le sujet et puissent faire vivre, recréer et transmettre ces savoirs, dont l’héritage nous est propre, mais qui ont été largement oubliés au fil des ans voire des siècles.
Qu’est ce que les étudiants allaient y apprendre ?
Sarah Dumortier : Tout d’abord, mon souhait était de leur montrer qu’ils pouvaient chercher et apprendre par eux-mêmes et donc faire confiance à leur travail et à leurs investigations. Le but était un peu de casser ce que j’avais entendu durant un an « j’ai beau apprendre, j’y arrive pas », « je ne retiens pas », « je ne comprends pas ». Deuxièmement, ce cours pouvait les aider à développer leur confiance en eux, à développer leurs soft kills, comme la prise de parole, la structuration du discours, en les encourageant à vulgariser le résultat de leurs recherches et travail.
Comment s’est déroulé le travail des étudiants ?
Je les ai laissés faire leurs recherches sans les influencer, arriver à leurs propres conclusions ; bien sûr, je les ai aidés, je les ai aiguillés sur des pistes de recherches, des ouvrages, j’ai relu leurs travaux, j’ai corrigé mais, avec un tout petit recul, j’ai surtout été une sorte de référente mise en confiance : ils n’avaient pas besoin de moi, en tant que sachante, pour construire leur recherche, pour comprendre.
C’est ainsi que les étudiants se sont pleinement impliqués et ont voulu en savoir plus sur leur légende, ont voulu voir les fameux territoires liés à la légende et plusieurs groupes ont ainsi pris le parti d’aller visiter les lieux, d’interroger les habitants, de pratiquer leur lieu patrimonial. Attention, ce n’est pas moi qui ai obligé les étudiants à parcourir le NPDC, c’était leur décision propre. Pour ne pas tous les citer, je vais prendre l’exemple d’Audrey et Mattéo qui ont choisi la légende du Galet de Gauchin Legal (si vous souhaitez la découvrir, je vous laisse vous adresser directement aux spécialistes dans le Hall RS). Ils sont partis en goguette à Gauchin, qui est à une 50aine de km de Lille, et sur place, en plus de voir le galet de visu, ils ont questionné la population et ont découvert d’autres aspects de la légende qui n’apparaissaient pas dans les livres. Ca a, également, été pour eux l’occasion d’apprendre que des chansons existaient sur ce galet et que tout un folklore avait perduré.
Au fil des séances, j’ai vu les L2 prendre confiance en eux, « s’amuser » avec leur légende et les savoirs qui l’entourent. J’ai, également, vu des étudiants s’impliquer énormément dans le projet de vulgarisation à l’instar de Bérangère et Eve que vous trouverez sous le nom de Marie Grauette dans le hall RS. Au final, je suis parvenue aux objectifs fixés :
- Donner du sens à l’histoire et de la confiance en leurs capacités aux étudiants
- En faire des savants vulgarisateurs. Et la semaine dernière encore, je leur ai rappelé qu’ils étaient les seuls spécialistes de leur sujet et qu’ils n’avaient pas à craindre les questions du public puisqu’ils en savent 100 fois plus qu’eux.
- Leur permettre de participer à la diffusion patrimoniale de savoirs collectifs et de prendre conscience de cette dimension culturelle qui n’est pas une gageure en histoire.
Baptiste et Maxime, étudiants en Licence 2 Histoire, étaient les invités de l’émission de radio de la FLSH Du Bruit dans les couloirs pour évoquer la mise en place de cette exposition : le replay ici